Le marin, l’actrice et la croisière jaune, tome 3: mauvaises rencontres, Régis Hautière, Arnaud Poitevin, éditions Quadrants / Soleil, 48 pages, 10,95 euros.
Deux mois après son départ (en juin 1931), la croisière jaune lancée par André Citroën pour prouver la supériorité de l’automobile quel que soit le contexte poursuit sa route, même confrontée à ses premières vraies difficultés. Le groupe Pamir débute son franchissement de l’Himalaya et le groupe Chine dirigé par le « marin » Victor Point est fortement ralentie par les tergiversations bureaucratiques chinoises, affronte les tempêtes du désert de Gobi, avant de tomber en pleine insurrection dans le Sinkiang, dans les marges septentrionales du pays. Pendant ce temps, à Paris, « l’actrice », Alice Cocéa paraît céder au charme et aux assauts d’un séduisant journaliste allemand. Comme quoi, les « mauvaises rencontres » ne se font pas seulement au fin fond de l’Asie.
Trois ans après son lancement, cette adaptation en bande dessinée, faite par l’Amiénois Régis Hautière et Arnaud Poitevin, continue, elle aussi, de faire son chemin. Même s’il se centre sur le convoi dirigé par Victor Point – qui inlassablement, écrit quotidiennement à Alice – ce troisième tome donne un peu plus à voir de l’autre expédition, notamment en Afghanistan devant les bouddhas géants de Bamiyan ou les premiers contreforts de l’Himalaya. La construction, ainsi éclatée, ne nuit pas à la progression du récit, toujours fluide, mais participe à accentuer l’immersion dans cette aventure exotique. Quant au trait semi-réaliste d’Arnaud Poitevin, il s’affirme d’album en album. Classique et sans esbrouffe, il donne à voir pleinement la dimension épique et humaine de cette aventure. Bref, une histoire, elle aussi, bien menée.